Actualités of Sunday, 5 August 2018

Source: Quotidien Mutations

Guerre en Ambazonie: le dilemme de Paul Biya s’accentue

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

La nouvelle trouvaille du gouvernement dans le cadre de sa gestion de la crise qui secoue ces deux régions depuis plus d’un ansonne comme du Mozart. Près de 13 milliards Fcfa sont nécessaires pour la mise en œuvre de ce programme d’urgence qui intègre la prise en charge des déplacés et réfugiés ainsi que la reconstruction des infrastructures. Cependant, comme le plan d’urgence pour l’accélération de la croissance économique ou le plan triennal spécial Jeunes, le plan dédié au Nord-Ouest et au Sud-Ouest achève de convaincre les sceptiques sur l’état clinique du Cameroun : le pays est définitivement admis aux urgences.

Etranglé par les problèmes économiques et de chômage, pour ne citer que ces maux, le Cameroun est désormais frappé au cœur de ce qui fondait sa fierté dans une Afrique balafrée de conflits : la paix et l’unité nationale.

Toute chose qui résulte d’une gouvernance articulée autour du paradigme : « les urgences, c’est à l’hôpital ». La conduite des précédents plans d’urgence et les résultats en deçà des attentes ne donnent pas des raisons de pavoiser sur le nouveau, qui emporte pourtant le triomphalisme de quelques thuriféraires, jamais en retard d’une louange à l’égard du chef de l’Etat. Le plus curieux c’est qu’à travers ce plan d’assistance humanitaire, le gouvernement entreprend de reconstruire au plus fort de la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Il faut se pincer pour se rendre à l’évidence qu’on n’hallucine pas ! Comment en est-on arrivé à penser qu’on peut décréter la reconstruction de ces régions de Yaoundé, au moment où les combats font rage entre l’armée, les miliciens sécessionnistes et les bandits de grand chemin ? Si l’idée d’une assistance des Camerounais déplacés internes et ceux refugiés au Nigeria est recevable et même à encourager, celle de rebâtir maintenant sur les ruines qui s’accumulent à Batibo,Muyuka ou Menka nous semble prématurée.

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Dans des salons feutrés de la capitale, d’aucuns soutiennent qu’il s’agit en réalité pour le gouvernement d’anticiper sur une éventuelle mission d’interposition internationale adossée sur des motifs humanitaires. Le stratagème peut opérer pendant un temps, mais si le pouvoir ne s’attaque pas au fond du problème et continue de fermer la porte à un dialogue structuré et visionnaire, cette démarche s’avèrera analogue à celle d’un médecin qui entreprend de soigner la fièvre typhoïde avec de l’aspirine. Qu’on ne s’y méprenne pas. Nous partageons la thèse selon laquelle l’interposition des Nations unies et ses « casques bleus » dans cette crise, quelles que soient les raisons, ne fera qu’empirer la situation. Il faut toujours se méfier de ces Bon Samaritains dont les agendas sont généralement insondables. Mais pour le gouvernement, il ne suffit plus de s’en inquiéter en petits comités, il urge plutôt d’agir pour s’en prémunir. La voie indiquée pour éviter que le voisin ne s’immisce dans nos affaires, c’est de laver le linge sale en famille.

L’excuse qui consiste à dire « on va dialoguer avec qui ? » ne tient pas la route. Elle relève de la politique de l’autruche. Il faut tendre la perche aux modérés, se parler et mettre en œuvre ce qui sortira de la palabre. Franklin Delano Roosevelt disait qu’ « il ya pire dans la vie que de n’avoir pas réussi, c’est de n’avoir pas essayé ». Il n’y a donc aucune faiblesse à engager ce dialogue avec les différents groupes socio- professionnels et personnalités influentes des deux régions pour couper l’herbe sous les pieds des sécessionnistes, qui, à bien y regarder, profitent de la pluie (la cécité stratégique du gouvernement) pour se soulager sur le torrent.